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Comment déceler un trouble alimentaire chez son enfant ?

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Obsessions et contrôle du corps par la nourriture, les TCA ont des conséquences parfois graves qu’il ne faut pas négliger. Parents ou proches, il est cependant parfois difficile de détecter ou de cerner un comportement alimentaire qui peut dévier vers des pratiques mettant en danger l’organisme. Quelques pistes pour s’y retrouver et déculpabiliser .

70.000 adolescents atteints d’anorexie mentale, c’est quoi ?

On appelle troubles du comportement alimentaires (TCA) principalement les conduites de restriction alimentaire obsessionnelle (anorexie) et les conduites de compulsions alimentaires (hyperphagie alimentaire), accompagnées ou non de conduites compensatoires (boulimie alimentaire).
Signe d’un malaise profond qui va bien au-delà de la nourriture, les troubles du comportement alimentaire touchent dans 9 cas sur 10 des jeunes filles.
Ils surviennent souvent à l’adolescence suite à un conflit psychique provoqué par un régime, un deuil, une déception amoureuse, une remarque désobligeante ou encore un problème scolaire.
Aujourd’hui, il y aurait en France environ 70.000 adolescents et adolescentes (moins de 25 ans) atteints d’anorexie mentale et 150.000 atteints de crises récurrentes de boulimie. Ces maladies touchent toutes les couches de la population (milieux aisés comme milieux moins favorisés).
Certains signes ou comportements peuvent mettre en alerte les proches. Il s’agit de les déceler, les observer et juger de leur niveau de dangerosité pour la santé de son enfant.

Des signes physiques et comportementaux à surveiller

Estime de soi fragilisée, hyper contrôle du poids et de l’alimentation, isolement sont autant de symptômes à capter. Par exemple :

Une estime de soi en perte de vitesse
Une jeune fille qui se trouve un peu trop ronde et pas très jolie, qui s’en plaint et se cache dans des vêtements bien trop grands… Ces premiers signes peuvent paraître anodins et représentatifs de l’adolescence, mais se révèlent dans certains cas les premiers symptômes d’un TCA. Il ne faut cependant pas paniquer trop vite. Si ces comportements persistent accompagnés de ceux dont nous parlons ci-dessous, instaurer un début de dialogue ou consulter un professionnel est peut-être nécessaire.

Un poids qui fait peur
Souvent l’idée de prendre du poids devient pour l’adolescente en souffrance une réelle peur qui place rapidement la nourriture au centre de son attention. Elle  éprouve alors  un nouveau besoin de contrôle face à l’organisation alimentaire : elle souhaite par exemple gérer ce qu’elle va manger, commence à faire la liste des courses ou cuisine pour l’ensemble de la famille (allant même jusqu’à déculpabiliser de voir les autres absorber des calories qu’elle même n’absorbera pas).

Un isolement social progressif
La dé-socialisation est une des conséquences des TCA. Puisque l’adolescente se sent honteuse de manger, elle évitera de se retrouver en public aux heures des repas.
La manie de découper les aliments en petits morceaux qui se trouve dans son assiette, le tri et l’absorption de très faible quantité sont des « automatismes » que les personnes souffrants de TCA instaurent afin d’éviter au maximum l’absorption calorique.
Les sorties avec ses amis vont se faire plus rares et l’adolescente risque de se refermer sur elle-même… et sur ses études. En effet les adolescents souffrants d’anorexie sont par ailleurs souvent d’excellents élèves.

Des signes neurobiologiques qui peuvent influer rapidement sur la santé

Des troubles de l’humeur qui épuisent le corps
Un TCA s’accompagne souvent d’importantes réactions de stress. Cette conséquence se vérifie lors de bilans sanguins où le taux de cortisol est souvent élevé. Cette neuro-hormone liée au stress mobilise les ressources énergétiques de l’organisme, augmente la tension, réduit l’appétit et le sommeil engendrant épuisement moral et physique. L’excès de cortisol a des effets désastreux aussi bien sur l’organisme que sur l’humeur, le cortisol étant antagoniste de la sérotonine (hormone du bien-être) dont il altère les récepteurs.

Aménorrhée
L’aménorrhée ou interruption des règles coïncide souvent avec l’amaigrissement de l’adolescente. Il est souvent le signe secondaire d’un TCA.

Des périodes d’hyperphagie : une violence physique et morale
La perte de poids n’est pas forcément évidente car la plupart du temps les périodes de restrictions chez les adolescents souffrants d’un TCA sont ponctuées d’épisodes hyperphagiques : absorption de grosses quantités de nourritures en un temps très court, suivie de vomissements pour éliminer. On parle alors de boulimie alimentaire.
Qu’une  jeune fille se fasse vomir ou non, le fait d’avoir cédé à l’appel de la nourriture est vécu très violemment. Pour se punir, les adolescentes auront tendance à alléger d’autant plus les repas suivants pour céder ensuite, et malgré elle, de manière encore plus violente à une nouvelle crise d’hyperphagie (boulimique ou non).

L’éloge de la minceur voire de la maigreur dans les médias, les phénomènes de modes dangereux circulant dans les milieux adolescents (« thigh gap« ), ne font que renforcer les sentiments d’imperfection et de culpabilités de certains jeunes face à leur poids, leur image et leur corps.
Les TCA voient augmenter leur fréquence dans tous les pays du monde et il est souvent extrêmement dur pour des parents d’accepter de prendre rendez-vous chez un professionnel de la santé pour leur enfant. Mais de déceler ces troubles le plus tôt possible va permettre une action rapide pour pouvoir agir contre l’installation de ces troubles au long terme.

 

Laëtitia Willerval, Diététicienne Nutritionniste

Diététicienne Nutritionniste installée à Paris dans le 3ème arrondissement, Laëtitia Willerval intervient auprès d’adultes, adolescents et enfants pour des pertes de poids, des rééquilibrages alimentaire, des troubles du comportement et autres pathologies (diabète, hypercholestérolémie etc.). Pour en savoir plus : https://dieteticienne-laetitia.com/